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9 août 2022, 09:47

La force tranquille d'Antoine Bellier, qui arrive à maturité

L'envol pour New York sera pour la semaine prochaine. A 25 ans, Antoine Bellier s'apprête à découvrir à Flushing Meadows l'atmosphère unique des tournois du Grand Chelem.

"En début d'année, j'étais 490e mondial et mon objectif était d'obtenir le classement qui me permettrait de disputer les qualifications de l'Open d'Australie en janvier 2023", confesse le gaucher genevois. L'objectif a été pulvérisé en sept mois avec ce 191e rang obtenu au 8 août qui lui ouvre les portes des qualifications de l'US Open.

Le chemin a toutefois été bien tortueux. "Pendant cinq ans, je terminais mes saisons dans le rouge. Aujourd'hui, je commence à gagner un peu plus d'argent pour couvrir mes frais, dit-il. Mais la pression est bien là. Dans le tennis, chaque année doit être meilleure que la précédente pour survivre !"

2022, la belle année

2022 est, pour l'instant, la plus belle pour Antoine Bellier. Victorieux du Challenger de San Luis Potosi sur la terre battue mexicaine, il s'est hissé en demi-finale du tournoi ATP 250 de Majorque sur gazon. "J'ai eu un peu de réussite sur ces deux tournois dans la mesure où j'ai, les deux fois, écarté des balles de match dans les qualifications", sourit Antoine Bellier bien conscient que son jeu d'attaque est vraiment un jeu à risque.

"Parfois cela tourne dans l'autre sens. Il y a deux semaines au Challenger de Pozoblanco, je m'impose devant le 111e mondial au premier tour (ndlr: le Portugais Nuno Borges) avant d'être éliminé au deuxième tour par le 289e (ndlr: le Français Maxime Janvier) après avoir pourtant servi pour le match", raconte-t-il.

Pour le Genevois, l'une des clés de la réussite réside dans une certaine retenue face aux événements. "Il ne faut pas bercer dans l'euphorie lorsque les victoires s'enchaînent. Il ne faut pas non plus tomber dans le 36e dessous après une défaite", explique-t-il. I

Antoine Bellier sait aussi que son style de jeu très particulier l'amène à obtenir "des résultats en dents de scie". "Je ne ferai jamais des demi-finales toutes les semaines, glisse-t-il. Il y a des tournois avec des conditions de jeu, l'altitude comme au Mexique ou le gazon comme à Majorque, qui me sont favorables, d'autres moins. Aujourd'hui, je me dis que je peux battre tout le monde. Que c'est du 50-50 pour chaque match", assure-t-il.

"Mais je sais aussi que si je ne joue pas bien, je peux perdre contre n'importe qui. Mentalement, il y a une sorte d'exigence qui ne doit jamais s'envoler. Il faut aussi apprendre à enchaîner les matches contre des joueurs mieux classés. C'est un peu comme au football. Une équipe qui découvre la Ligue des Champions doit dans un premier temps s'habituer au rythme de l'adversaire avant de performer."

"J'ai toujours cru en moi"

Même si sa feuille de résultats ne sera jamais linéaire, Antoine Bellier affiche une force tranquille qui peut expliquer pourquoi les pièces du puzzle commencent doucement à se mettre en place. "Je ne me suis pas réveillé un beau matin pour voir que tous mes coups touchaient les lignes, lâche-t-il. J'ai toujours cru en moi. J'ai toujours avancé. Je sais aussi que le tennis est un sport qui voit un joueur arriver parfois tard à maturité. "

Rejoindre l'académie de Jean-René Lisnard en novembre 2020 fut ainsi un choix heureux. A Cannes, Antoine Bellier bénéficie du concours d'un entraîneur qui s'est affirmé comme l'un des plus compétents du Circuit. "Daniil Medvedev est passé entre ses mains", précise Antoine Bellier, qui est pour l'instant le no 3 de l'académie derrière les Français Hugo Grenier (ATP 123) et Alexandre Muller (ATP 145).

A Flusging Meadows, comme Simona Waltert d'ailleurs qui vient de rejoindre l'académie, Antoine Bellier sera parfaitement encadré par une structure qui commence vraiment à faire ses preuves même si Daniil Medevdev a décidé de voler de ses propres ailes.

Enfin, Antoine Bellier se félicite de la saine émulation entre les joueurs suisses derrière Roger Federer et Stan Wawrinka. Après Marc-Andrea Hüsler, douzième joueur suisse à être entré dans le top 100 de l'ATP, Dominic Stricker (ATP 126), Alexander Ritschard (ATP 179) et Antoine Bellier frappent désormais à la porte. "Il me manque près de 250 points pour entrer dans le top 100, remarque Antoine Bellier. La route est encore très longue. Mais c'est celle que je dois suivre pour disputer les plus grands tournois du monde. C'est ce que je veux."