myTennis

Communauté

4 juillet 2024, 09:08

René Stammbach : « Nous devons placer la barre plus haut »

Dans le dernier épisode du podcast « Let’s talk about Tennis », l’invité n’est autre que René Stammbach, président de Swiss Tennis depuis 18 ans.

Stammbach y aborde les thèmes les plus divers dont la fédération s’occupe actuellement – du sport de haut niveau aux nouveaux formats de compétition dans le sport de masse et le padel, en passant par les défis financiers. Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’entretien présidentiel.

René Stammbach, il n’y avait dernièrement que deux Suissesses et un Suisse dans le tableau principal des pros à Wimbledon. Comment évalues-tu actuellement la situation sportive de la Suisse, nation du tennis ?

Nous avons bien été gâtés au cours des 40 dernières années. Avec des noms comme Hlasek, Rosset, Günthardt, Hingis et Schnyder, nous avons toujours été présents dans l’élite mondiale, même avant Roger Federer. Et ce que nous avons pu vivre pendant 20 ans avec Federer et Wawrinka ne se reproduira sans doute pas une seconde fois. Il est évident que nous devons actuellement nous contenter de moins. Néanmoins, il y a actuellement sept joueurs et joueuses suisses qui, en fonction de leur classement mondial, ont le potentiel de jouer dans le tableau principal d’un tournoi du Grand Chelem. C’est déjà très respectable. Comparé à des nations comme l’Italie, qui sont représentées par des dizaines dans les grands tournois, nous nous retrouvons bien sûr un peu à la traîne.

Que pouvons-nous apprendre en Suisse des Italiens dont nous avons parlé ?

Il y a un point sur lequel nous essayons effectivement de copier les Italiens. Ils ont réussi à faire progresser beaucoup de leurs joueurs et joueuses en organisant de nombreux tournois dans leur pays. Ce sont notamment les jeunes qui profitent des wild-cards et de la possibilité de disputer des tournois internationaux sans avoir à se déplacer et de gagner ainsi des points importants pour le classement mondial. Nous nous sommes également engagés dans cette voie en Suisse, avec les premiers succès que cela implique. Dominic Stricker, par exemple, a gagné un grand nombre de ses points de classement sur le sol suisse lors de son ascension dans le top 100. Je suis optimiste et pense que beaucoup de ses compatriotes pourront faire de même dans un avenir proche.

Le travail avec les jeunes est également essentiel pour le succès. En Suisse, celui-ci est notamment assuré par le Centre national de performance de Swiss Tennis à Bienne. Récemment, le CNP s’est vu décerner le label or par l’ITF, devenant ainsi la quatrième nation après la France, l’Angleterre et les Etats-Unis.  

Cela montre que nous disposons à Bienne d’une infrastructure valable qui peut se mesurer aux meilleurs du monde. Et c’est aussi, et je m’en réjouis, une distinction pour nos excellents coachs qui travaillent chaque jour avec les talents. Nous sommes sur la bonne voie à cet égard et sommes fiers d’avoir obtenu le label or de l’ITF. Le fait que sur un total de 211 fédérations nationales, seules nous et trois nations du Grand Chelem ayons un tel label montre la valeur de cette distinction.

En juin, Swiss Tennis a dû faire face à un coup dur financier après la faillite de son partenaire principal FlowBank. Dans quelle mesure la disparition de ce sponsor a-t-elle affecté la fédération ?

Lorsque nous perdons l’un de nos cinq Main Partners, cela nous affecte, sans aucun doute. Mais c’est comme dans l’économie : si tu perds un client, tu dois en gagner un autre. Cela représente pour nous un grand défi, qui est exigeant pour moi et mon équipe, mais aussi motivant. Je pense que nous serons en mesure de compenser cette perte d’ici la fin de l’année.

Parlons du sport de masse : en 2023, la Suisse comptait 52 951 joueurs et joueuses de tennis licenciés – un chiffre qui n’avait plus été atteint depuis 2014. En outre, le nombre de tournois organisés a augmenté de 10% par rapport à l’année précédente. Ces évolutions doivent te plaire !

En principe, oui. Mais si je nous compare à d’autres pays, nous devons définitivement placer la barre encore plus haut. Aux Pays-Bas, par exemple, le nombre de licenciés augmente de 10 à 12% par an. Récemment, j’ai également parlé avec le président de la fédération italienne. Il m’a dit que depuis les succès de Jannik Sinner, ils vendaient des licences comme des fous et que les gens s’inscrivaient en grand nombre à des cours pour commencer à jouer au tennis eux-mêmes. Malheureusement, les Suisses se laissent un peu moins entraîner par les grandes personnalités, nous l’avons vu avec Roger Federer. Nous essayons néanmoins de poser les bases pour inciter encore plus de gens à jouer au tennis. En automne, nous lancerons par exemple un nouveau format de compétition qui permettra d’organiser directement et simplement des matchs importants pour le classement. Dans le domaine du marketing, nous nous efforçons également à atteindre encore plus de personnes.

L’année dernière, Swiss Tennis a intégré le padel dans ses statuts. En ce moment, la fédération met en place une offre correspondante. Pourquoi ?

Le padel est un sport qui se développe actuellement beaucoup plus rapidement que le tennis dans le monde. Je cite l’exemple de la Suède, où il y a 20 ans, il y avait encore un ou deux terrains de padel. Aujourd’hui, il y en a déjà plus de mille. Nous enregistrons une évolution similaire en Suisse, ce qui nous concerne très directement. En Suisse romande, environ 80% des terrains de padel se trouvent dans des clubs et des centres affiliés à Swiss Tennis. En Suisse alémanique, c’est également le cas pour près de la moitié des courts. Nous devons donc à nos membres de les soutenir dans ce domaine.

Actualités similaires