Tout à la fin, le Cantique suisse a tout de même retenti dans l'arène de Klosters. Et ce en l'honneur de l'équipe suisse, qui a été la nation la plus performante parmi les 38 pays participants. Karolina Kozakova, Céline Naef, Mika Brunold et l'entraîneur Kai Stentenbach étaient encore présents lors de cet hommage. « Je suis fier de notre équipe, c'était une semaine fantastique », a résumé Stentenbach.

Le jeu s’est décousu au tie-break des champions
En effet, la Suisse a joué comme jamais auparavant lors d'un championnat d'Europe dans le Prättigau, quatre médailles sont une première. Il ne manquait que la consécration sous la forme d'une médaille d'or. C'est le duo Kozakova/Naef qui s'en est le
plus approché, en revenant en finale contre les Slovaques et en forçant le tie-break des champions. Et là, les deux amies suisses, qui jouent souvent et avec succès ensemble, ont pu y croire l’espace d’un break, mais à 2:0, leur jeu s’est décousu. Les joueuses d'Europe de l'Est ont remporté huit points de suite et ont ainsi posé les bases de la victoire.
 

Jimenez Kasintseva place Andorre sur la carte du tennis
En simple, l’obstacle était très haut placé pour Naef. Après sa nette victoire en demi-finale contre l'Allemande Joelle Steur, elle s’est heurtée dans le combat ultime à Victoria Jimenez Kasintseva, la tête de série numéro un andorrane. La gauchère, qui occupe déjà la 154e place au classement WTA, avait certes dû aller toute la distance lors des deux tours précédents - notamment lors de la demi-finale de haut niveau contre la Tchèque Brenda Fruhvirtova, considérée comme une enfant prodige - mais elle disposait tout de même encore de plus de réserves d'énergie que Naef car, à la différence de celle-ci, elle n'était pas engagée en double.

Naef s'est défendue de toutes ses forces, mais Jimenez Kasintseva a réussi à maintenir un rythme d’enfer jusqu’à la balle de la victoire. « Je suis très heureuse d'avoir pu gagner pour mon pays », a déclaré la gagnante, qui s'est beaucoup plu dans le Prättigau. « C'est magnifique ici et la Suisse me rappelle Andorre. Chez nous aussi, il y a beaucoup de montagnes ». Jusqu'à présent, les succès andorrans en tennis sont plus rares que les chutes de neige sur l'île Maurice, mais cela pourrait changer dans un avenir proche. Les experts reconnaissent à « Vicky », comme l'appellent ses amis, un très grand potentiel, et il est fort probable que l'on n'entendra encore beaucoup parler d'elle à l'avenir chez les adultes.

Gilles Bailly a également montré un brillant tennis. Le Belge s'est révélé être la bête noire des Suisses au cours du tournoi en éliminant Dylan Dietrich en huitième de finale et Kilian Feldbausch en demi-finale. Et il n’a pas non plus été inquiété en finale contre le Croate Dino Prizmic, ne lâchant aucun set, comme tout au long du tournoi. Il a donc su conserver sa grande forme qui l'avait mené jusqu'en finale à Roland-Garros chez les juniors. « Tout baigne pour moi », s'est réjoui le jeune athlète de 16 ans.

Feldbausch, qui a quitté Klosters comme Naef avec deux médailles dans sa poche, peut lui aussi être fier de sa performance. A 16 ans, ce jeune espoir a une nouvelle fois laissé entrevoir son grand potentiel à plusieurs reprises, en simple et en double, où il n'a échoué avec Mika Brunold qu'en finale face aux Tchèques qui étaient classés têtes de série numéro un. 

« Espérons que les championnats d'Europe resteront encore de nombreuses années à Klosters »
Stentenbach, qui a encadré l'équipe suisse avec Michael Lammer, a rendu hommage à l'octette, dont faisaient également partie Chelsea Fontenel, Paula Cembranos et Patrick Schön : « Nous avons eu une équipe très soudée, tout le monde s'est soutenu mutuellement ». Le formateur, qui a déjà encadré des espoirs comme Simona Waltert et Alina Granwehr, avait des raisons de se réjouir à bien des égards : « Nous avons vu de superbes matchs et des joutes sportives d’un très haut niveau. C'est un grand plaisir de disputer les championnats d'Europe ici à Klosters, et j'espère qu'ils y resteront encore de nombreuses années ». Ce sera le cas au moins en 2023, après quoi le contrat avec Tennis Europe, l'association faîtière continentale, expirera. Mais l’intérêt est grand des deux côtés à ne rien changer à une constellation qui s’avère gagnante pour tout le monde.

Un vainqueur de Wimbledon comme invité d'honneur
Un grand nom du tennis mondial était présent lors de la remise des prix. Jan Kodes, vainqueur de Wimbledon en 1973, tenant de trois titres du Grand Chelem et numéro quatre mondial au faîte de sa carrière, a remis les médailles et donné quelques conseils sympathiques aux jeunes espoirs du futur. Liane Alban, qui a formé avec Hans Markutt le double mixte à succès pendant de nombreuses années à Klosters, a été nommée hier présidente d'honneur pour ses mérites.