Vous parlez d’Iga Swiatek. Elle est actuellement numéro 1 mondiale et a déjà remporté quatre tournois du Grand Chelem à l’âge de 22 ans seulement. Quelle est sa réputation en Pologne ?  

Iga est la chouchoute des foules, et pas seulement en raison de ses succès sportifs. Tout le monde l’apprécie pour son style. Elle est sympa, intelligente, modeste et toujours concentrée sur l’essentiel. Les gens remarquent que malgré ses nombreuses victoires, elle a gardé les pieds sur terre – presque un peu comme Roger Federer. Dans les rues de Pologne, Iga ne peut presque plus se déplacer librement, les gens la reconnaissent désormais partout. J’ai déjà eu l’occasion de faire quelques interviews avec elle. On peut parler avec elle de bien d’autres choses que du tennis, ce qui fait d’elle une personnalité extrêmement passionnante.  

Après deux ans d’absence, Iga Swiatek fait son retour dans l’équipe de la Billie Jean King Cup pour la rencontre avec la Suisse – pourquoi ?  

D’une part, il est important pour elle de représenter son pays. Elle l’aurait d’ailleurs fait ces deux dernières années, mais des conflits d’horaires avec les finales WTA l’ont empêchée de participer à la Billie Jean King Cup. D’autre part, Iga doit absolument jouer cette rencontre pour avoir le droit de participer aux Jeux olympiques de Paris cet été. Comme chacun sait, les matchs se dérouleront à Roland-Garros, où elle a remporté trois de ses quatre titres du Grand Chelem. La famille Swiatek a en outre deux comptes à régler avec les Jeux olympiques : le père Tomasz a participé aux Jeux de Séoul en 1988 en aviron et a manqué de peu une médaille. Iga elle-même faisait partie des favoris à Tokyo en 2021, mais elle a été éliminée au deuxième tour. Sa déception était alors si grande qu’elle était restée assise en pleurs sur le banc pendant plusieurs minutes après son match. Il faut savoir que les médailles olympiques ont une valeur incroyablement élevée en Pologne.  

Ce n’est pas seulement grâce à Iga Swiatek que la Pologne dispose d’un énorme potentiel dans la Billie Jean King Cup ! 

C’est juste. Avec Magda Linette (WTA 48) et Magdalena Frech (WTA 53), nous avons dans nos rangs deux autres joueuses que l’on peut compter parmi l’élite mondiale élargie. Linette est très expérimentée et a par exemple atteint les demi-finales de l’Open d’Australie en 2023. Frech n’a cessé de progresser au cours des dernières années et est actuellement mieux classée que jamais. Je pense que l’équipe, dans cette composition, a non seulement le potentiel pour se qualifier pour les finales, mais aussi pour les gagner. Mais tout dépendra de la présence d’Iga Swiatek lors des finales. 

Vous avez mentionné au début les quelque 300 000 joueurs et joueuses actifs en Pologne. Comparé aux presque 38 millions d’habitants du pays, ce chiffre reste plutôt faible. A titre de comparaison, la petite Suisse compte environ deux fois plus de joueurs et joueuses. Comment se fait-il que la Pologne soit malgré tout représentée en si grand nombre dans l’élite mondiale ?  

C’est une question difficile à laquelle il est impossible de répondre de manière générale. En effet, ce n’est pas comme si la fédération polonaise faisait un travail particulièrement bon en matière de promotion de la relève. Il manque des plans et des stratégies clairs. Une explication possible pourrait être que la Pologne ne dispose pas d’une grande masse de joueurs et joueuses vraiment bons, ce qui permet de se concentrer un peu plus facilement sur les plus grands talents. Les succès de chacun résultent donc plutôt de soutiens individuels. Les joueurs et joueuses suivent tous leur propre voie. Iga Swiatek, par exemple, a signé dès son adolescence un contrat avec une grande agence sportive. Celle-ci lui a permis de poursuivre son développement de manière ciblée, en collaboration avec ses parents. En comparaison, Hubert Hurkacz, qui fait actuellement partie des meilleurs dix joueurs au monde, a pris du temps pour arriver là où il est. Jusqu’à l’âge de 16 ans, il n’a jamais été le numéro 1 de sa classe d’âge en Pologne et soudain, il a pris son envol. C’est ainsi que les choses peuvent se passer et le hasard joue certainement un rôle.   

Revenons à la Billie Jean King Cup : les Polonaises sont clairement favorites dans le duel contre la Suisse – êtes-vous d’accord ?  

Oui, honnêtement, en Pologne, nous partons déjà du principe que notre équipe va gagner. Mais je me souviens encore très bien de la dernière rencontre avec la Suisse chez nous à Zielona Góra. En 2015, Viktorija Golubic et Timea Bacsinszky se sont imposées dans le double décisif contre les favorites Agnieszka Radwanska et Alicja Rosolska, alors qu’elles avaient perdu le premier set. Tout est donc possible au tennis – même si les rôles semblent clairement distribués cette année.