En septembre 2008, la Securitas Swiss Davis Cup Team affronte la Belgique à Lausanne. C’est le début d’une histoire extraordinaire. Dans le public se trouve pour la première fois une femme qui n’avait auparavant que peu d’affinités avec le tennis et qui deviendra dès lors une fidèle compagne. Midori Schweizer voit Roger Federer et Stan Wawrinka mener leur équipe à une nette victoire à domicile et est très enthousiasmée par ce qu’elle a vécu. « Dès le début, j’ai vibré à fond et j’étais nerveuse, comme si j’étais moi-même sur le terrain », se souvient cette femme. Depuis, l’équipe suisse de Coupe Davis a disputé exactement 32 rencontres – pas une seule sans son plus grand fan dans le stade.

« Chaque franc que je peux mettre de côté est investi dans ces voyages de tennis »

Midori Schweizer est née et a grandi à Tokyo. A 19 ans, la Japonaise est venue en Suisse pour un stage et est immédiatement tombée amoureuse du pays. Elle est restée, s’est mariée et est devenue mère de jumeaux. Ce sont donc ses fils qui, en 2008, ont demandé pour leur anniversaire des tickets pour la rencontre de Coupe Davis en question. Ils ne se doutaient sans doute pas qu’ils marqueraient ainsi durablement la vie de leur mère. Car depuis, celle-ci ne manque jamais une rencontre de son équipe préférée, que ce soit à Berne, en Serbie, aux États-Unis ou encore plus loin en Australie. « Avant cela, je n’étais pas vraiment heureuse. La Coupe Davis m’a sauvée », dit Schweizer aujourd’hui. Elle entreprend toujours les voyages seule. « Cela me convient. Je rencontre à chaque fois des gens formidables et me fais de nouveaux amis. Aujourd’hui encore, je suis en contact avec des gens d’Australie, du Kazakhstan ou des États-Unis. C’est passionnant de voir dans quelles cultures différentes ils vivent. » En plus des plus de 30 rencontres de Coupe Davis qu’elle a suivies en direct, elle a également soutenu l’équipe nationale suisse féminine pendant la Billie Jean King Cup à douze reprises ces dernières années. Elle explique : « Hormis deux semaines de vacances annuelles au Japon, tous mes jours de congé sont réservés à la Coupe Davis et occasionnellement à la Billie Jean King Cup. Il n’est pas question pour moi de faire autrement. Chaque franc que je peux mettre de côté est investi dans ces voyages de tennis. »

« Je suis peut-être folle, mais c’est comme ça »

Depuis 2015, cette passionnée de tennis, qui avait suivi une école de tourisme à Tokyo, travaille comme serveuse au restaurant TopSpin, qui fait partie du Centre nationale de performance de Swiss Tennis à Bienne. Lorsque le poste correspondant a été publié à l’époque, Midori Schweizer n’a pas hésité : « J’y ai vu une chance d’être encore plus proche des joueurs de tennis et j’ai eu du mal à réaliser ma chance lorsque j’ai reçu ce poste. Aujourd’hui encore, j’adore travailler ici. C’est agréable d’avoir tous les jours autour de soi tous ces jeunes talents et de les voir évoluer. » Pour cela, cette femme qui habite à Thoune accepte de faire deux fois deux heures de trajet par jour pour aller travailler. « Je ne ferais pas ça pour un autre travail. Je suis peut-être folle, mais c’est comme ça. » Profite-t-elle de la possibilité de frapper elle-même quelques balles de temps en temps à Bienne ? « Non, plus aujourd’hui », répond-elle, avant d’ajouter en riant : « Pendant un certain temps, j’ai pris de cours particuliers. Pour jouer en groupe avec d’autres, j’étais trop lente. »

« J’étais tellement nerveuse que je n’ai pas vraiment réalisé ce qui se passait »

Plutôt que d’être elle-même sur le terrain, Midori Schweizer préfère acclamer ses favoris. Selon elle, il est agréable de vois que ces derniers apprécient son fidèle soutien. « Souvent, les joueurs et joueuses prennent le temps de discuter brièvement ou de prendre une photo avec moi. Ces rencontres sont pour moi quelque chose de très spécial. » Ce qui est arrivé à cette âme fidèle en 2015 n’est pas moins spécial. Elle s’est rendue en Pologne pour soutenir Martina Hingis, Timea Bacsinszky et compagnie lors de la Fed Cup de l’époque – en tant que seule supportrice suisse ! L’équipe de télévision présente a remarqué la supportrice solitaire et lui a demandé une interview. « Je ne sais plus ce que j’ai raconté à l’époque. J’étais tellement nerveuse que je ne me rendais plus vraiment compte de ce qui se passait », se souvient Midori Schweizer, qui est une personne très timide. La finale de la Coupe Davis 2014 reste aussi un souvenir particulier pour elle : pour la seule fois de l’histoire de la compétition, les Suisses ont soulevé la coupe à la fin. Parmi les 27 448 supporters à Lille, Midori Schweizer était logiquement présente. « Malheureusement, je n’avais pas une trop bonne place dans le stade. Malgré tout, ce sont des souvenirs magnifiques et très émouvants. Après la victoire, nous avons pris l’apéritif avec l’équipe et nous avons fêté et chanté tous ensemble. Je ne l’oublierai jamais. »